La décision

Publié le par yelahiah

 

 

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Tout commença un soir qui clôturait une triste journée pluvieuse. La matrone de seize heure vingt s’en allait, joyeusement ragaillardie par mes soins, avec mes dernières forces. Je remis de l’ordre dans le cabinet et rangeai pour la vingtième fois les mêmes dossiers. L’hiver s’éternisait et les clients, assaillis par les maux découlant de ces longues périodes d’humidité, s’ils remplissaient et mon cabinet et mon compte en banque, ils vidaient le peu d’énergie et de moral qui me restaient pour faire face à la solitude dont s’ornait ma vie depuis un bon moment déjà. J’aurais dû projeter une virée, une sortie, n’importe quoi pour me changer les idées et forcer le destin  mais j’estimais avoir trop de travail pour seulement l’envisager. Et puis, avec qui pouvais-je espérer passer une bonne soirée ? Tous mes amis et connaissances étaient aussi débordés que moi. Et j’avais assez à faire avec mes propres ennuis sans avoir envie de me coltiner ceux d’un étranger en mal de compassion. Ça, c’est un des inconvénients de mon métier ! À croire que c’est marqué sur mon front ! Dés que je rencontre quelqu’un capable de susciter une once d’intérêt, il en vient à se plaindre de son état dans les cinq minutes qui suivent ses manœuvres d’abordage ! À se demander s’il cherche de la compagnie ou un moyen d’être soigné à l’œil. Ben, les miens ils sont bons et je n’ai nul besoin de ce genre de parasite ! N’empêche, ce n’est pas ce genre d’attitude qui va m’aider à rencontrer l’âme sœur ! Mais, ce soir-là, j’étais vraiment vannée, lessivée, vidée. Je me résolus donc à rentrer chez moi.

 

Trop fatiguée pour songer à avaler une bouchée, je balançai négligemment mon manteau dans un fauteuil,  me servis un jus d’orange et m’affalai dans l’autre bergère devant le seul pôle d’intérêt de la maison : la télévision

J’aurais pu opter pour un peu de musique classique ou un morceau de variété contemporaine mais je n’avais même plus la force, ni la volonté de choisir ne serait-ce qu’un air de mélodie et me laissai donc bercer par les traditionnelles émissions abrutissantes de la reine télé. Tout doucement, au rythme monotone des présentateurs qui se relayaient dans l’annonce des habituelles catastrophes, des éternels débats et des inévitables niaiseries présentées comme des réalités, je commençai à sombrer dans un sommeil salvateur quand un refrain qui réveillait d’anciens souvenirs vint titiller mes tympans. Sortant de ma torpeur, j’ouvris un œil inquisiteur et accordai un peu plus d’attention à cette lucarne d’évasion. Sur l’écran défilaient les images racoleuses d’endroits ensoleillés et enchanteurs. Des plages paradisiaques, des forêts grandioses, des plaines magnifiques se succédaient en un somptueux festival de sons et de couleurs, aggravant encore plus mon état de lassitude. La profusion de ces beautés naturelles  fit germer une envie subite dans mon esprit. Elle grandit en une idée confuse dans mon cerveau et se transforma en une ferme décision dans ma tête : il me fallait des vacances ! Et pas plus tard que tout de suite !

 

Aussitôt décidé, aussitôt mis en pratique ! Bondissant du fauteuil, malgré l’heure tardive, j’appelai une collègue, débutant dans le métier,  légèrement étonnée du geste mais largement ravie de l’aubaine, pour lui refiler mon carnet de rendez-vous et me mis à fouiller le net à la recherche d’un endroit où pouvoir aller sécher mes ennuis de thérapeute célibataire.


Bien que l’argent ne fut pas un souci, comme j’aspirais plus à de l’air pur pour mes poumons atrophiés par les émanations des gaz automobiles, d’un bain de soleil pour ressourcer mon corps de la grisaille et de l’humidité constante du temps et de nature libre et sauvage pour dégourdir mon esprit du béton et de l’éternel concert des klaxons de la ville, ce ne fut pas chose aisée que de choisir une localité qui  corresponde à mes souhaits. La perspective de me retrouver noyée dans une foule de touristes blasés, transbahutés comme un troupeau de moutons qu’on balade d’une attraction à l’autre, ne m’enchantant guère, je recherchai une destination qui put joindre mon envie d’évasion et mon besoin de repos. J’en étais à présent tout à fait convaincue : Dans le calme d’une région lointaine, je trouverais ce qui n’allait pas dans ma vie !

 

J’hésitai entre un trip, à dos de lamas, dans les Andes, pour découvrir les trésors d’une ancienne ville Inca ; la  visite, à cheval, pour m’imprégner de la beauté authentique d’une réserve naturelle aux pieds du Kilimandjaro et même un stage de silence dans un couvent, reconverti en auberge de jeunesse, perdu quelque part en haute montagne, lorsque mon regard fut attiré par l’annonce d’un séjour chez l’habitant assorti de visites guidées de divers sites et oasis du désert. La perspective de longues balades en solitaire dans des contrées sauvages et surtout désertiques m’enchanta aussitôt. Je réservai sur l’heure et, la seconde suivante, je prénotai une place dans un avion. La minute d’après je m’affairais à préparer les valises. À mon grand étonnement, alors que j’enfournais tout un tas d’inutilités extrêmement importantes pour ce genre de voyage, comme des brosses à dents, à cheveux, à habits et les différentes crèmes de première nécessité pour les inévitables cas d’urgence survenant dés qu’on a franchi le seuil de la maison, je me surpris à ne plus ressentir ce poids et cette fatigue qui, une heure plus tôt, me terrassaient littéralement dans le fauteuil.


L’expectative des vacances faisait déjà son effet !

 


Publié dans horizon lointain

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F
<br /> <br /> Bonsoir Yelahiah<br /> <br /> <br /> Je te souhaite beaucoup de courage. les plaies parfois ne se referment jamais tellement la douleur est profonde.<br /> <br /> <br /> Je te souhaite une bonne soirée ainsi qu'une douce nuit. mes amitiés<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Bonjour France Dan<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci pour tes mots.<br /> <br /> <br /> Je te souhaite une très belle journée.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> premier chapitre d'une histoire qui commence avec l'expectative d'un beau voyage, une vie plus que remplie c'est certain, ne laisse pas forcément place à toute autre activité. Comment trouver le<br /> temps de vouloir faire quelque chose ou de partir quelque part. Un voyage pour un renouveau et pour comprendre le pourquoi de cette lassitude, quoi de mieux...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br />  Oui, beau voyage en perspective ....<br /> le décors parait idyllique<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />